• ÉMOTIONS FORTES | Suite à l’évasion d’un détenu en transfert, un sergent de la police cantonale a tiré abusivement à trois reprises, hier à 11 h 10, en pleine ville de Lausanne. Aucun blessé. Une enquête pénale a été ouverte.
     

     

     

    Frayeurs à l’avenue de la Gare! «J’ai d’abord cru qu’un pot d’échappement explosait, mais c’était un coup de feu», n’en revient toujours pas un artisan du quartier. «Je suis sorti de mon garage et, là, j’ai vu un policier en train de pourchasser un fuyard. Il lui a encore tiré dessus. La balle a même ricoché contre la vitrine du centre orthopédique.» Le projectile s’est encastré dans un mur. Mais à l’intérieur du magasin Orthoma, un homme a bien cru son heure arrivée: «Notre client était assis à 60 cm de l’impact. Il a senti un éclat de verre gicler et il est devenu livide! Dehors, il y avait un policier, arme à la main», relatent le patron, Alexandre Massip, et son employé Hubert Nockin.

    De nombreux commerçants des hauts de l’artère lausannoise ont assisté à la scène. Hier à 11 h 10, un détenu en transfert pour des soins à la clinique de Longeraie – logée au fond d’une ruelle adjacente – a tenté de se faire la belle. «Escorté par trois de nos collaborateurs, il a profité d’être seul avec le gendarme chargé de le garder (ndlr: un sergent de 58 ans) pour s’enfuir», a précisé Jean-Christophe Sauterel, porte-parole de la police cantonale.

    Dans sa course, le prisonnier – un ressortissant de l’est âgé de 27 ans et détenu pour «vol en bande et par métier» – a débouché sur le trottoir. Il a bousculé un passant puis s’est engouffré dans une autre allée. «Le policier était à bout de souffle, affirment plusieurs témoins. Quand il est arrivé sur l’avenue, il a encore tiré un coup de feu.» Quelques minutes plus tard, grâce à l’intervention d’un agent municipal présent par hasard, le fuyard a finalement pu être interpellé. Puis des patrouilles de Police-secours sont arrivées en renfort.

    Détenu blessé?

    Selon le porte-parole de la police cantonale, «les faits sont graves mais, heureusement, personne n’a été blessé par ces coups de feu tirés en pleine ville, à une heure de grand passage». Effectivement, aucun passant ou automobiliste n’a été touché. Mais aux premières loges, un voisin, encore choqué par la fusillade, affirme «avec certitude» avoir vu le détenu être brusquement déséquilibré, puis «tituber comme s’il avait reçu une balle à l’épaule droite».

    L’enquête pénale – ouverte immédiatement par le substitut du juge d’instruction cantonal et menée par les inspecteurs de la police judiciaire de Lausanne – devra faire toute la lumière sur ce point comme sur le déroulement précis des événements. Selon les premières investigations, le sergent – «temporairement muté dans une fonction administrative» – paraît ne pas avoir respecté toutes les prescriptions légales qui autorisent l’usage d’une arme de service «comme ultime moyen de contrainte».

    Mesures disciplinaires

    Y a-t-il eu tirs d’intimidation et de sommation? L’action était-elle proportionnée aux circonstances? L’officier de presse Jean-Christophe Sauterel précise: «Avant d’utiliser son arme à feu, un policier a toute une série de moyens d’action. Dans ce cas, un certain nombre de dispositions semblent ne pas avoir été respectées. Si cette première analyse se confirme, des mesures disciplinaires appropriées seront mises en œuvre sans délai.»

    L’an dernier dans le canton, 14 000 transferts de détenus ont été assurés ou planifiés par l’unité spécialisée de la police cantonale. «Les équipes sont composées d’un personnel bien formé, dont certains membres proviennent du milieu pénitentiaire, assure le porte-parole de la gendarmerie. Et depuis 2006, aucune évasion n’a nécessité l’usage d’arme de service.»


    votre commentaire
  •  

    Images à l'appui, Rue89 révèle des violences policières commises mardi en Seine-St-Denis et a enquêté sur leurs circonstances.

    Mardi 14 octobre vers 22h00, la police a interpellé Abdoulaye Fofana à son domicile du 5, rue Picasso, cité des Bosquets à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. Les circonstances de cette arrestation ont poussé le procureur de la République de Bobigny à demander jeudi une enquête de l'IGS, la police des polices.

    La vidéo que révèle Rue89 montre deux policiers frappant à quatre reprises le jeune homme menotté, qui tombe au sol. Des témoignages recueillis sur place laissent à penser que les actes de violence commis par les policiers ont été beaucoup plus nombreux hors caméra.

    Au final, il n'y a pas de blessé grave. Un policier, blessé à la main, a écopé d'un mois d'interruption temporaire de travail. Abdoulaye Fofana a eu deux jours et sa mère six jours. Le policier a porté plainte ; l'avocat de la famille Fofana en déposera six différentes lundi.

    L'une des cités les plus "chaudes" de France, épicentre des émeutes de 2005

    La cité des Bosquets est une des plus "chaudes" de France. C'est ici que Luc Besson tournait un film avec John Travolta avant de renoncer après des incendies de voitures, dimanche dernier.

    La rue Picasso est à l'opposé de la cité, à l'épicentre des émeutes de 2005, à moins de 200 mètres de la limite avec Clichy-sous-Bois ; de l'autre côté, au sud, la même distance sépare les immeubles de Picasso de la villa du maire de Montfermeil, Xavier Lemoine (UMP).

    Le contexte conflictuel et cette proximité avec le domicile de l'élu font de cette rue un endroit particulièrement surveillé par les forces de l'ordre. Jour et nuit, plusieurs unités de police se tiennent prêtes à intervenir en cas d'incident.

    Mardi soir, vers 21h00, trois jeunes lancent un pavé sur une voiture de police

    Mardi soir vers 21h00, trois jeunes lancent un pavé et tirent un mortier de feu d'artifice sur une voiture de police qui passe dans la rue. Environ une heure plus tard, une dizaine d'hommes du Groupe de sécurité de proximité du commissariat de Gagny entrent dans l'escalier du n°5. Ladj Ly, habitant de l'immeuble et membre du collectif Kourtrajmé, a déjà commencé à filmer les échauffourées.

    Le jeune réalisateur, qui vient de faire parler de lui avec un canular présenté par Charles Villeneuve, a donné ces images à Rue89. Elles sont montées, la dizaine de minutes de rushes -que nous avons visionnée- étant ici réduite à ce reportage de 2'21. (Voir la vidéo)



     

     

    Selon les déclarations d'Abdoulaye Fofana, confirmées par les témoignages d'habitants de l'immeuble que nous avons recueillis sur place, les quatre coups portés dans le hall de l'immeuble ne seraient que les derniers d'une longue série.

    La police pense avoir reconnu en lui l'un des auteurs du caillassage de la voiture, en particulier à cause de ses baskets blanches. Selon lui, celles qu'il portait ce soir-là sont blanches, violettes et vertes.

    "J'ai demandé pourquoi ils avaient cassé la porte [...]. L'un d'eux a dit : 'On l'embarque celui-là'."

    Le jeune Français d'origine guinéenne, âgé de 20 ans, étudiant en BTS de négociation-relation client, déclare qu'il n'a pas bougé de chez lui, au 5e étage, depuis le début de la soirée. A jouer sur sa console, puis à regarder le match France-Tunisie. Sa famille sur la télé du salon, lui avec des amis sur la télé de la chambre. La France marque le deuxième but, tout le monde crie de joie. "Juste à ce moment-là, des policiers sont entrés en défonçant la porte de l'appartement", raconte-t-il.

    "J'ai entendu le bruit, je suis allé dans l'entrée. Ils demandaient à ma mère si personne n'était entré ici. On a dit que non, et j'ai demandé pourquoi ils avaient cassé la porte. Ils ont répondu que non, qu'elle était ouverte, et l'un d'eux a dit : 'On l'embarque celui-là'."

    Des coups de poing, de pied, de flashball et de matraque

    Selon ses déclarations, il est ensuite violemment projeté à l'autre bout du palier, tout en étant frappé par les policiers, au nombre d'« une dizaine ». Il est mis à terre puis menotté, pendant que sa famille est maintenue à l'intérieur de l'appartement. Les policiers l'emmènent ensuite par l'escalier. Il raconte avoir été frappé tout au long de la descente, à coups de poing, de pied, de flashball et de matraque. Ce que confirment des habitants de l'immeuble, interrogés par Rue89. Tous disent avoir été alertés par ses cris.

    Au deuxième étage, Esma Elassy :

    "Un policier le frappait sur la tête avec sa matraque pendant qu'un autre le tenait. Il l'a tapé tellement fort que sa tête a cogné le mur. C'était catastrophique, j'étais très choquée. Quoi qu'il ait fait, ce n'était pas la peine de le frapper puisqu'il était déjà menotté."

    Au premier, Nafissa Delai :

    "Je les ai vus lui donner un coup de matraque sur la tête, à travers l'oeilleton de ma porte. J'ai commencé à l'ouvrir, mais un policier m'a demandé de la fermer."

    Le procureur : "S'il y a d'autres violences, l'IGS portera ses investigations sur elles."

    François Molins, procureur de la République de Bobigny, confirme avoir saisi l'Inspection générale des services (IGS) pour qu'elle établisse ou non la réalité de ces "violences illégitimes":

    "Il y a les violences qu'on voit dans la vidéo. S'il y en a d'autres, l'IGS portera aussi ses investigations sur elles."

    La police ayant vu Ladj Ly filmer pendant la soirée, elle lui a demandé de lui fournir copie des images, ce qu'il a fait. Le réalisateur est convoqué lundi à l'IGS, comme la victime des violences.

    Légalement, pas d'interpellation à domicile entre 21h00 et 6h00

    Selon le procureur Molins, les policiers ont interpellé Abdoulaye Fofana sans avoir enfoncé la porte du domicile familial. Conformément à la loi, puisque, sauf exception (terrorisme, grand banditisme, stupéfiants), la police n'a pas le droit d'entrer par la force dans un domicile entre 21h00 et 6h00. Le magistrat affirme donc que la porte était déjà ouverte :

    "L'homme interpellé a reconnu sur procès verbal qu'il a donné un coup d'épaule dans la porte de l'appartement pour y rentrer, effrayé par les policiers qui couraient derrière lui."

     

     

     

     


    1 commentaire
  • Un ancien des stups et une greffière derrière les barreaux. Lui, c'est François Stuber, ex-numéro 2 de la brigade des stups de Strasbourg. Elle, c'est, sa maîtresse,  

     

    . Les deux amants viennent respectivement d'être condamnés, jeudi, par le tribunal correctionnel de Strasbourg à dix et neuf ans de prison, pour trafic de drogue.


    L'enquête démarre en 2006 quand un indic «balance» Stuber pour se venger des pressions exercées par le policier à vendre toujours plus de drogue. Le stup est alors poursuivi pour trafic d'héroïne, cocaïne, cannabis, subutex et amphétamines, et détournement de scellés. Il est également impliqué dans la mise en
    place d'une filière d'importation de cannabis en provenance des Pays-Bas. Laurence Hamon participe alors au stockage des produits et au blanchiment de l'argent issu des reventes. Elle est aussi poursuivie pour avoir soustrait une pièce d'un dossier d'instruction.

    «Par amour»,

    Pendant les deux jours de procès, les deux amants ont reconnu la quasi-totalité des faits reprochés. Stuber a fait part de sa «consternation» et de sa «honte» dans cette affaire. Il a également reconnu avoir «trahi» sa fonction en se livrant avec sa maîtresse à ce trafic.
    Cette dernière, qui a expliqué avoir agi «par amour», a reconnu ne pas avoir su comment «arrêter cette machine folle».

    Une peine plus lourde pour la greffière

    L'avocate général avait réclamé dix ans de prison pour l'ancien des stups, il a été suivi par les jurés. En revanche, la greffière de 37 ans a été condamnée à neuf ans de prison, soit deux ans de plus que la perine réclamée par la magistrate, qui avait souligné la participation «active» de la jeune femme au trafic.

    «Je suis sous l'effet de l'annonce», a commenté le conseil des deux amants, Me Francis Metzger, qui, visiblement dépité, a exprimé son incompréhension face à une peine «trop lourde». «On applique la peine maximale que lorsqu'on a tout lieu de désespérer de l'individu qui est jugé (...) Laurence Hamon méritait-elle ce désespoir ? Absolument pas», a-t-il poursuivi. Pour l'heure, ses clients n'ont pas fait savoir s'ils allaient faire appel de la décision.

    Sept autres personnes ont été jugées pour leur implication dans ce réseau de trafic de drogue. Elles ont été condamnées à des peines allant de six mois à deux ans de prison.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique