• Montfermeil : une bavure filmée, l'IGS enquête

     

    Images à l'appui, Rue89 révèle des violences policières commises mardi en Seine-St-Denis et a enquêté sur leurs circonstances.

    Mardi 14 octobre vers 22h00, la police a interpellé Abdoulaye Fofana à son domicile du 5, rue Picasso, cité des Bosquets à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis. Les circonstances de cette arrestation ont poussé le procureur de la République de Bobigny à demander jeudi une enquête de l'IGS, la police des polices.

    La vidéo que révèle Rue89 montre deux policiers frappant à quatre reprises le jeune homme menotté, qui tombe au sol. Des témoignages recueillis sur place laissent à penser que les actes de violence commis par les policiers ont été beaucoup plus nombreux hors caméra.

    Au final, il n'y a pas de blessé grave. Un policier, blessé à la main, a écopé d'un mois d'interruption temporaire de travail. Abdoulaye Fofana a eu deux jours et sa mère six jours. Le policier a porté plainte ; l'avocat de la famille Fofana en déposera six différentes lundi.

    L'une des cités les plus "chaudes" de France, épicentre des émeutes de 2005

    La cité des Bosquets est une des plus "chaudes" de France. C'est ici que Luc Besson tournait un film avec John Travolta avant de renoncer après des incendies de voitures, dimanche dernier.

    La rue Picasso est à l'opposé de la cité, à l'épicentre des émeutes de 2005, à moins de 200 mètres de la limite avec Clichy-sous-Bois ; de l'autre côté, au sud, la même distance sépare les immeubles de Picasso de la villa du maire de Montfermeil, Xavier Lemoine (UMP).

    Le contexte conflictuel et cette proximité avec le domicile de l'élu font de cette rue un endroit particulièrement surveillé par les forces de l'ordre. Jour et nuit, plusieurs unités de police se tiennent prêtes à intervenir en cas d'incident.

    Mardi soir, vers 21h00, trois jeunes lancent un pavé sur une voiture de police

    Mardi soir vers 21h00, trois jeunes lancent un pavé et tirent un mortier de feu d'artifice sur une voiture de police qui passe dans la rue. Environ une heure plus tard, une dizaine d'hommes du Groupe de sécurité de proximité du commissariat de Gagny entrent dans l'escalier du n°5. Ladj Ly, habitant de l'immeuble et membre du collectif Kourtrajmé, a déjà commencé à filmer les échauffourées.

    Le jeune réalisateur, qui vient de faire parler de lui avec un canular présenté par Charles Villeneuve, a donné ces images à Rue89. Elles sont montées, la dizaine de minutes de rushes -que nous avons visionnée- étant ici réduite à ce reportage de 2'21. (Voir la vidéo)



     

     

    Selon les déclarations d'Abdoulaye Fofana, confirmées par les témoignages d'habitants de l'immeuble que nous avons recueillis sur place, les quatre coups portés dans le hall de l'immeuble ne seraient que les derniers d'une longue série.

    La police pense avoir reconnu en lui l'un des auteurs du caillassage de la voiture, en particulier à cause de ses baskets blanches. Selon lui, celles qu'il portait ce soir-là sont blanches, violettes et vertes.

    "J'ai demandé pourquoi ils avaient cassé la porte [...]. L'un d'eux a dit : 'On l'embarque celui-là'."

    Le jeune Français d'origine guinéenne, âgé de 20 ans, étudiant en BTS de négociation-relation client, déclare qu'il n'a pas bougé de chez lui, au 5e étage, depuis le début de la soirée. A jouer sur sa console, puis à regarder le match France-Tunisie. Sa famille sur la télé du salon, lui avec des amis sur la télé de la chambre. La France marque le deuxième but, tout le monde crie de joie. "Juste à ce moment-là, des policiers sont entrés en défonçant la porte de l'appartement", raconte-t-il.

    "J'ai entendu le bruit, je suis allé dans l'entrée. Ils demandaient à ma mère si personne n'était entré ici. On a dit que non, et j'ai demandé pourquoi ils avaient cassé la porte. Ils ont répondu que non, qu'elle était ouverte, et l'un d'eux a dit : 'On l'embarque celui-là'."

    Des coups de poing, de pied, de flashball et de matraque

    Selon ses déclarations, il est ensuite violemment projeté à l'autre bout du palier, tout en étant frappé par les policiers, au nombre d'« une dizaine ». Il est mis à terre puis menotté, pendant que sa famille est maintenue à l'intérieur de l'appartement. Les policiers l'emmènent ensuite par l'escalier. Il raconte avoir été frappé tout au long de la descente, à coups de poing, de pied, de flashball et de matraque. Ce que confirment des habitants de l'immeuble, interrogés par Rue89. Tous disent avoir été alertés par ses cris.

    Au deuxième étage, Esma Elassy :

    "Un policier le frappait sur la tête avec sa matraque pendant qu'un autre le tenait. Il l'a tapé tellement fort que sa tête a cogné le mur. C'était catastrophique, j'étais très choquée. Quoi qu'il ait fait, ce n'était pas la peine de le frapper puisqu'il était déjà menotté."

    Au premier, Nafissa Delai :

    "Je les ai vus lui donner un coup de matraque sur la tête, à travers l'oeilleton de ma porte. J'ai commencé à l'ouvrir, mais un policier m'a demandé de la fermer."

    Le procureur : "S'il y a d'autres violences, l'IGS portera ses investigations sur elles."

    François Molins, procureur de la République de Bobigny, confirme avoir saisi l'Inspection générale des services (IGS) pour qu'elle établisse ou non la réalité de ces "violences illégitimes":

    "Il y a les violences qu'on voit dans la vidéo. S'il y en a d'autres, l'IGS portera aussi ses investigations sur elles."

    La police ayant vu Ladj Ly filmer pendant la soirée, elle lui a demandé de lui fournir copie des images, ce qu'il a fait. Le réalisateur est convoqué lundi à l'IGS, comme la victime des violences.

    Légalement, pas d'interpellation à domicile entre 21h00 et 6h00

    Selon le procureur Molins, les policiers ont interpellé Abdoulaye Fofana sans avoir enfoncé la porte du domicile familial. Conformément à la loi, puisque, sauf exception (terrorisme, grand banditisme, stupéfiants), la police n'a pas le droit d'entrer par la force dans un domicile entre 21h00 et 6h00. Le magistrat affirme donc que la porte était déjà ouverte :

    "L'homme interpellé a reconnu sur procès verbal qu'il a donné un coup d'épaule dans la porte de l'appartement pour y rentrer, effrayé par les policiers qui couraient derrière lui."

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
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